Il s’agit d’utiliser la musique pour s’ancrer ici-maintenant dans ses sensations. Laisser jaillir en mouvement continu chacune de ses impulsions corporelles, l’une après l’autre, sans les nommer, les analyser, les intellectualiser. Partir d’elles, s’appuyer sur elles, coller à elles, sans anticiper. Rester dans cette ‘vérité de l’instant’. Percevoir la naissance des mouvements et suivre le sens qu’elle lui indique. Suivre le fil précis des sensations conduit à quitter les chemins des automatismes. C’est ainsi que s’explorent des manières inhabituelles de se mouvoir, l’imprévisibilité, la justesse et l’authenticité.
S’amuser ! Rosalie structure sa danse par le plaisir qu’elle ressent à bouger, qui agit comme une boussole. Cela a du sens de repérer les mouvements qui lui font du bien, les créer, les
suivre et les comprendre jusqu’à ce qu’ils se dilatent en sentiment de joie s’il y a lieu. Et s’ils ne se dilatent pas, accepter que simplement, il en soit ainsi. Il s’agit aussi d’accueillir tout ce qui advient : les déformations, les accélérations rapides, les ralentissements, les mouvements à vitesse continue, les limitations, les ruptures, les loupés, les mouvements très lents, les cris brusques, les raclements de gorge, la tentation du contrôle, les bizarreries, la voix animale, les grimaces, les rétentions, les décalages, les arrêts, les mouvements en vibrations, etc.
Accueillir le soi-disant ‘hors-norme’, le boiteux, le bébé, l’idiot, le peureux, le handicapé, le censeur, le bourreau, la victime, l’interdicteur et le soumis, le tortionnaire, l’inquisiteur et le blessé, l’effrayé, le tordu, le cabossé, etc. Il s’agit aussi de laisser tomber toutes ces catégories mentales. Tout ce qui advient est à vivre, tout peut jouer le rôle de carburant, tout peut être recyclé en mouvement juste. Ainsi chaque seconde peut livrer son lot de nouveauté.